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Craig Thomas, co-créateur de How I met your mother, revient sur l’ultime épisode « Pour toujours »

Tony Cotte
Publié le 05/10/2014 à 14:28 Mis à jour le 14/10/2014 à 22:22

Ce dimanche 5 octobre, NT1 diffuse les ultimes épisodes de How I met your mother. L’occasion pour le co-créateur de la série, venu à Paris cet été, de revenir sur le dernier tournage, son regard sur ce final supposément décrié et sur le projet avorté d’un spin off...

Comment s’est déroulé l’ultime tournage de How I met your mother ?

Craig Thomas : La lecture collective du dernier scénario a été très émouvante. Et on a dépassé le temps habituel à cause des pleurs. Alyson Hannigan ne pouvait plus s’arrêter et ses larmes ont été contagieuses. Tout le monde était présent, des scénaristes, aux acteurs en passant par les producteurs. On formait une belle famille qui s’entendait à la perfection. Habituellement, il y a toujours un ou deux acteurs compliqués à gérer dans une série avec une distribution aussi large, mais ce n’était pas notre cas.

Quel regard portez-vous sur les réactions suscitées par la conclusion de la série ?

Depuis le lancement de la série en 2005, internet a beaucoup évolué : avec l’hégémonie des réseaux sociaux et la multiplication des blogs qui proposent des critiques épisode par épisode. De fait, on s’est habitué aux critiques. Et elles ont parfois été très acerbes. Mais il ne faut pas oublier que les voix négatives sont toujours celles que l’on entend le plus. Une étude a montré que sur un échantillon de 20 000 tweets autour de cet épisode, plus de la moitié ont été positifs ! Et c’est rassurant. Après tout, un peu de controverse n’a jamais fait de mal à personne. C’est bien que les gens parlent de la série. Je pense que nous sommes suffisamment adultes et nous avons un minimum de recul pour pouvoir le supporter.

À l’origine, vous vouliez faire de l’ultime scène de la série la rencontre entre Ted et la fameuse mère. Finalement, elle a accompagné les héros toute cette saison...

C’est une critique qui revenait après chaque fin de saison, certains téléspectateurs menaçaient d’arrêter de regarder si la mère n’était pas présentée. Je crois que si son personnage avait été introduit plus tôt, How I met your mother aurait perdu son but et on nous l’aurait également reproché. Et si elle avait été mal castée, nous aurions été « coincés » avec elle jusqu’à la fin.

Dans l’épisode « Gary Blauman », les téléspectateurs ont pu retrouver de nombreux guests marquants de l’univers How I met your mother. Manquait-il selon vous une personnalité en particulier ?

Nous voulions vraiment retrouver Joe Manganiello, il joue dans True Blood, vous devez le connaître, il est très sexy. [Rires.] Mais il avait un tournage en parallèle. Cette scène en question a été faite finalement assez simplement. Nous voulions un plan-séquence dans un parking. Alyson [Hanigan, ndlr], qui jouait Jasmine, l’un de ses doubles, s’est rapidement changée hors champ et tout s’est déroulé d’une façon un peu chorégraphique. Tout le monde devait bien sûr assurer. Quand je revois ces images, je me dis à quel point toute l’équipe est géniale.

« Un peu de controverse n’a jamais fait de mal à personne »

En mai 2012, FOX vous a passé commande directement d’une première saison de The Goodwin Games qui a mystérieusement vu le jour qu’un an plus tard, en catimini avant d’être annulée. Que s’est-il passé ?

Je garde toujours un goût amer de ce coup-là. Pour résumer : le président de ce network à l’époque (Kevin Reilly, ndlr) n’aimait pas suffisamment la série. Il n’y croyait pas. Nous avions du soutien au sein même de la chaîne, mais pas auprès de lui. FOX a du mal à rencontrer le succès avec ses comédies et il ne pensait pas que Goodwin Games allait déroger à la règle. Je le regrette beaucoup, je reste persuadé que nous avions le potentiel de quelque chose de spécial. Le casting était très bon. Nous n’avons pas eu un traitement très juste.

Cette série pouvait compter sur Becki Newton en tant que tête d’affiche. Sa participation à How I met your mother avait-elle servi de test avant de lui confier « sa » série ?

En réalité, ce n’était pas du tout prévu. C’est arrivé un peu au même moment, mais ce n’était pas l’idée quand nous l’avons embauchée. Nous lui avons proposé The Goodwin Games quand nous l’avons rencontré pour How I met your mother. Elle n’avait pas besoin de test, nous savions qu’elle était bonne.

Certains acteurs habitués à un registre précis ne sont engagés par la suite que pour ce qu’ils savent faire. En tant qu’auteur, subissez-vous aussi ce que l’on appelle le « typecast »  ?

C’est une réalité. La preuve, on a voulu faire un spin-off intitulé How I met your dad. [Rires.] Mais dans notre esprit, le ton allait être différent de How I met your mother. Nous voulions que la perspective de la narratrice soit un point de vue de femme avec moins de saut dans le temps, avec un résultat peut-être plus traditionnel. Mais même en proposant quelque chose de similaire, l’enjeu en tant qu’auteur est aussi de se distinguer de ce que l’on a pu faire auparavant. Le mainstream Hollywood encourage souvent à reproduire ses propres succès. Je crois que chaque scénariste, au cinéma comme à la télévision, lutte contre ça justement...

Quid de ce spin-off avorté ?

Une franchise autour d’une comédie reste une démarche périlleuse. C’est beaucoup plus simple pour des drama dans la veine des Experts. That 80’s show et Joey ont sont de bons exemples. Mais c’était un challenge que nous avions envie de relever. Nous étions satisfaits du résultat même s’il n’était pas parfait, mais CBS a préféré retenir deux autres projets.

Retrouvez la première partie de l’interview, publiée à l’occasion du coup d’envoi de la saison