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Camille Bardery (Demain nous appartient) : « Tiphaine se veut héroïne d’un roman d’amour et ne veut surtout pas une fin médiocre »

Publié le 17/11/2017 à 19:17

Depuis quelques jours, Camille Bardery a pris une place importante dans les scénarios de Demain nous appartient. L’interprète de Tiphaine Valski se confie sur son personnage ainsi que sur l’évolution de l’intrigue autour d’Alex et Rémy.

Toutelatele : Tiphaine Valski retient captif Alex dans les épisodes actuellement diffusés sur TF1. Elle souffre de tendances érotomaniaques. Comment avez-vous appréhendez cet aspect de votre personnage ?

Camille Bardery : Je n’ai pas eu d’appréhensions particulières même si j’ai regardé des films qui traitaient ce sujet. J’ai bien évidemment revu Misery pour la performance de Kathy Bates que j’ai trouvé incroyable et extrêmement flippant. J’ai aussi regardé Anna M. de Michel Spinosa qui m’a inspiré, Isabelle Carré y joue une érotomane et je me suis sentie plus proche de ce rôle. Grâce à sa bonté et sa douceur, elle incarne bien la bascule de la folie. Il s’agit de mon premier rôle de méchante bien que j’avais déjà fait un épisode de Profilage où j’incarnais une bipolaire.

Votre personnage laisse transparaître à plusieurs reprises des failles, notamment avec Rémy. N’est-ce pas définitivement son tendon d’Achille, outre le fait qu’il connaisse son passé ?

Tiphaine a beaucoup d’amour pour Rémy suite à un manque d’affection et de parents. Sa vie a été rythmée par l’absence du père et elle s’est construit une armure. Elle souhaiterait se confier et demander de l’aide à son frère, mais le traumatisme qu’elle a vécu l’a emmenée vers un déni de réalité. Pour le pallier, elle a plongé dans une passion amoureuse qui lui permet de vivre des moments exceptionnels. C’est sa manière de survivre face à la solitude et le fait de grandir dans un manque d’amour.

Tiphaine parvient à tisser des liens de plus en plus proches avec Rémy. Son amour pour son frère n’est cependant pas assez fort pour contrôler ses pulsions. Comment avez-vous imaginé ce tiraillement entre ces sentiments opposés quand vous avez accepté ce rôle ?

Je me suis pas posé la question comme ça. Elle passe de l’un à l’autre avec Rémy parce qu’elle a l’impression d’être nourrie par l’amour qu’elle vit avec Alex. Elle ressent du bonheur et elle a envie de le partager, ce qui la pousse à aller vers son frère et devenir gentille. Tiphaine croit qu’elle est aimée et elle s’imagine qu’elle a une vie normale malgré ses mensonges.

Malgré ses troubles psychologiques et son plan pour retenir Alex captif, Tiphaine est un excellent médecin, et elle parvient même à sauver Édith, la petite fille de Marianne. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

Bien que nous soyons des êtres complexes, cela n’empêche pas l’excellence et la discipline. Le travail a aidé Tiphaine à survivre, je trouve drôles les personnes qui ont des postes à haute responsabilité et qui deviennent fragiles dans leurs vies sentimentales. La dépendance affective n’a rien à voir avec la force professionnelle.

« Tiphaine croit qu’elle est aimée et elle s’imagine qu’elle a une vie normale malgré ses mensonges »

Acculée, Tiphaine va chercher à se suicider. Comment analysez-vous cette solution ultime ?

Quoiqu’il arrive, Tiphaine se veut héroïne d’un roman d’amour et elle ne veut surtout pas une fin médiocre. Elle a une soif d’absolue, qui répond à son envie de bonheur.

Saviez-vous dès votre arrivée que votre personnage disparaîtrait au bout de l’arche narrative autour de l’enlèvement d’Alex ?

Je savais très bien que c’était un guest pour un personnage qui allait créer une arche narrative forte. Vu la gravité des actes qu’elle commet, je me doutais que cela n’allait pas bien se terminer.

Il s’agit de votre premier rôle dans une série récurrente après des apparitions dans Platane ou La Stagiaire. Pourquoi ce défi vous a-t-il attiré ?

J’ai joué beaucoup de comédie et je trouve génial qu’en vieillissant on m’ait proposé un rôle complexe. J’ai passé une grande partie du tournage seule puisqu’elle est dans son univers et ses croyances. J’ai été ravie que l’on me propose un rôle de cette intensité là et qu’on se soit dit que je pouvais être crédible pour porter un personnage érotomane.

Aimeriez-vous vous diriger plus vers des rôles plus dramatiques ?

J’aimerais bien pouvoir jouer à la fois de la comédie et du dramatique. Je n’ai pas envie d’être étiquetée sociopathe, mais cela veut peut-être dire que mon parcours montre que je peux jouer plein de choses. J’ai l’impression d’avoir une palette assez large à travers un côté romantique et lumineux, tout en ayant des choses à dire et à exprimer.

Avez-vous hésité à rejoindre Demain nous appartient, le nouveau pari quotidien de TF1 ?

J’ai d’abord auditionné pour un autre rôle au début des castings de la série. Lorsqu’ils m’ont appelé pour le personnage de Tiphaine, tout s’est fait très rapidement. Je ne me suis pas trop posée de questions et j’ai eu la chance de plonger dedans tout de suite. Lorsqu’on m’a donné une scène avec Alex et une batte de baseball, des semaines de préparation m’auraient permis de m’interroger sur comment la prendre pour éclater la tête de quelqu’un. Le format et le rythme intense des tournages font que l’on n’a pas le temps de se poser des questions et cela a un côté positif.

« Je n’ai pas envie d’être étiquetée sociopathe »

Quel regard portez-vous sur les débuts de la série ?

Je n’ai pas l’impression d’être arrivée sur une série où tout est acquis et tout est posé. J’ai senti l’émulation et la passion que chacun a pour qu’elle existe et plaise le plus possible au public. Les membres de la production et les comédiens ont été heureux de mon arrivée puisqu’elle amenait une nouvelle arche. On sent que tout le monde vit le début d’aventure dans la joie et l’excitation. On m’a dit que le succès d’audience était au rendez-vous-même si je ne regarde pas les chiffres tous les jours. Je ne suis pas mes apparitions lors des diffusions, car je sais qu’il y a trois millions de personnes qui sont devant leur écran (rires). Je ne m’intéresse pas non plus aux commentaires sur les réseaux sociaux.

Qu’avez-vous retenu de cette expérience ?

Lorsqu’on nous donne un rôle aussi fort et méchant, on se dit que l’on est capable de le faire. Je ne pense pas que je me serais donné toute seule la légitimité pour incarner ce personnage, mais là je me sens pleine de gratitude et je me dis que tout est possible. J’aime bien les comédies intelligentes et j’ai récemment adoré Quadras sur M6. J’ai trouvé rafraîchissant la manière dont c’était dirigé et joué, j’aimerais beaucoup participer à une saison 2 s’il y en a une.

Vous avez coécrit et joué dans L’homme flottant en 2014. Seriez-vous tentée par l’écriture à la télévision ?

J’ai écrit beaucoup pour le théâtre et des films dans un esprit de liberté qui n’était pas formaté. L’homme flottant est un moyen-métrage assez étrange donc je ne sais pas si je pourrais vraiment rentrer dans les règles de la télévision et tout ce que cela implique. Je ne me sens pas très légitime et je n’en ai pas le désir non plus (rires).

Avez-vous des projets ?

Je tourne toujours avec Amour dans tous ses états, un spectacle que j’ai coécrit. Après l’avoir joué au Splendid et à la Gaïté Montparnasse, on va le reprendre au Tristan Bernard en janvier. Je prépare également un seul en scène sur l’histoire de ma famille. Je fais beaucoup de théâtre, car à la télévision on ne sait jamais quand on va tourner. J’ai tellement de choses à exprimer et envie de faire mon métier que je ne veux pas être dépendante de l’extérieur.